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NOUVEAU : les vidéos de la conférences sont disponibles ici >>> Objectifs
du colloque L'écologie industrielle et territoriale
(EIT) constitue une démarche scientifique et opérationnelle innovante
de développement territorial visant à introduire une rupture avec
la conception linéaire du fonctionnement actuel de la société
humaine qui se traduit par un prélèvement croissant de ressources
associé à des rejets eux aussi en augmentation constante, par opposition
au fonctionnement (quasi) cyclique des écosystèmes naturels. Ainsi,
en s'inspirant du fonctionnement de ces derniers, l'écologie industrielle
et territoriale appelle à une transformation en profondeur de l'organisation
d'un territoire, tant du point de vue de son métabolisme territorial (bilan
des flux de matières et d'énergie qui entrent, transitent et sortent
du territoire) que des relations entre les acteurs publics et privés qui
le composent. Nous pouvons aujourd'hui constater que la mise en uvre
de l'écologie industrielle et territoriale reste trop souvent cantonnée
au seul secteur de l'industrie. Ce biais est induit par le terme " écologie
industrielle " qui en réalité, traduit de l'anglais "
industrial ecology " fait référence à l'ensemble des
activités humaines consommant des ressources et/ou générant
des déchets au sein des sociétés industrielles. Or, plusieurs
travaux semblent indiquer que l'écologie industrielle n'a de sens que si
elle est considérée à l'échelle du territoire, d'où
l'introduction du terme " écologie industrielle et territoriale ",
pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le territoire (c'est-à-dire "
un système complexe évolutif qui associe un ensemble d'acteurs d'une
part, l'espace géographique que ces acteurs utilisent, aménagent
et gèrent d'autre part ", Moine, 2006) semble constituer une échelle
de réflexion cohérente pour la mise en uvre de stratégies
éco-systémiques visant une plus grande durabilité de celui-ci.
De plus, la notion de territoire fait référence à l'ensemble
des acteurs qui le composent et aux enjeux qu'ils portent, qu'il s'agisse d'enjeux
industriels, urbains, ou encore agricoles. Elle inclut en outre le milieu de vie
des sociétés. Par ailleurs, la considération territoriale
autorise la prise en compte du caractère multi-scalaire des enjeux du développement
durable, notamment concernant la traduction de ces enjeux (globaux) en actions
localisées. Enfin, bon nombre d'auteurs s'accordent à penser que
la considération unique des spécificités techniques et économiques
est largement insuffisante pour le déploiement efficace de démarches
d'écologie industrielle. Celles-ci reposent avant tout sur une coordination
intentionnelle des acteurs impliqués, qu'ils soient publics ou privés.
La considération de l'action publique, la nature des coordinations entre
les acteurs d'un territoire, l'impact de ces démarches en termes de structuration
de filières, d'usage des ressources, et plus généralement
d'aménagement du territoire sont autant d'aspects nous amenant à
privilégier le terme d'écologie industrielle et territoriale. Ainsi,
d'un point de vue opérationnel, il ne s'agit pas seulement de créer
des symbioses industrielles au sein desquelles les déchets des uns deviennent
des ressources pour d'autres, mais bien de susciter un projet de territoire commun
et partagé entre tous les acteurs, reposant sur la prise en compte des
spécificités et des enjeux du territoire. Ce projet de territoire
nécessite, par un processus d'apprentissage collectif, la création
de partenariats public/privé d'un nouveau genre, en vue d'un meilleur équilibre
du métabolisme territorial, soit d'une plus grande durabilité.
D'un point de vue scientifique, on constate aujourd'hui un intérêt
multidisciplinaire grandissant pour cette notion visant à réconcilier
l'activité humaine, principalement linéaire, et les limites intrinsèques
de la biosphère, qu'on la nomme écologie industrielle, écologie
industrielle et territoriale, écologie urbaine, ou encore écologie
territoriale. Par ailleurs, géographes, économistes, sociologues,
politologues, anthropologues, urbanistes, aménagistes, écologistes,
biologistes, chimistes, ingénieurs, etc. sont de plus en plus nombreux
à questionner cette notion émergente de manière directe ou
à mener des réflexions qui, indirectement, sont susceptibles d'alimenter
la connaissance scientifique théorique ou opérationnelle relative
à l'écologie industrielle et territoriale. Fort de ce
constat, l'objectif de ce colloque interdisciplinaire est donc multiple. Tout
d'abord, il permettra aux différents acteurs de la recherche s'intéressant
à l'écologie industrielle et territoriale de se reconnaître,
en vue de structurer une communauté scientifique multidisciplinaire. Ensuite,
il ambitionne de faire un état des recherches menées dans les pays
francophones en lien direct et indirect avec la notion d'écologie industrielle
et territoriale. A ce titre, il interpelle les chercheurs tant issus des sciences
humaines et sociales que des sciences de la terre et de la vie et des sciences
de l'ingénieur. Enfin, par le décloisonnement des champs disciplinaires,
il vise à faire progresser l'état actuel des connaissances et des
recherches tant au niveau scientifique qu'opérationnel, concernant l'écologie
industrielle et territoriale.

Des
ateliers et des sessions poster seront organisés autour des thématiques
suivantes :
Thème
1 Développement
urbain durable et métabolisme urbain
Il est ici
question d'aborder les travaux menés en termes de développement
urbain durable et d'empreinte des territoires, d'un point de vue conceptuel, méthodologique
et opérationnel. Il peut également être intéressant
de questionner le positionnement du développement urbain durable par rapport
à l'écologie industrielle et territoriale, voire l'écologie
territoriale. Est-ce une différence d'échelle dans la prise en compte
des enjeux, des acteurs et des objectifs ? La première est-elle une déclinaison
des deux autres ? Quels croisements sont envisageables ? Par ailleurs, cette session
pourra également être l'occasion d'aborder les enjeux de l'urbanisme
dans une perspective de développement territorial durable et de dématérialisation.
Thème 2
Le renouvellement des pratiques de gouvernance
des territoires Cette session vise à placer
la dimension organisationnelle et humaine de l'écologie industrielle et
territoriale au cur des débats. Elle repose sur l'étude des
pratiques actuelles et des conditions d'émergence de nouvelles pratiques
telles que la coordination intentionnelle des acteurs, la mise en uvre de
modes de gouvernance d'un nouveau genre, reposant sur l'apprentissage collectif,
la construction d'un référentiel partagé de valeurs, la proximité
organisationnelle et institutionnelle, etc. Finalement, on fait référence
ici à des développements théoriques qui ne sont pas propres
à l'EIT mais qui peuvent venir alimenter la connaissance scientifique. Thème
3 Méthodes,
outils et instruments au service de l'écologie industrielle
et territoriale L'objectif de cette session est de faire
état de l'ensemble des méthodes, outils et instruments (dédiés
ou non à l'écologie industrielle et territoriale) susceptibles de
favoriser le déploiement de démarches, de questionner leur "
pertinence " et d'identifier les manques en vue d'orienter de futures réflexions.
Les termes de méthodes et outils englobent l'ensemble des moyens mis en
uvre pour concevoir, planifier, mettre en uvre, suivre et évaluer
des dispositifs en faveur d'une démarche d'écologie industrielle
et territoriale. Cela peut concerner l'identification et la caractérisation
(quantitative et qualitative) des flux matière-énergie et des synergies,
leur optimisation, des outils de description d'un métabolisme, de construction
de l'empreinte écologique ou plus largement territoriale, des approches
d'évaluation environnementale, économique, voire de monétarisation
des externalités, des approches multicritères d'évaluation
de performances ou de risques, etc. La notion d'instruments fait référence
notamment aux instruments financiers (subventions, etc.), ou encore aux instruments
juridiques (nouveaux types de contrats) éléments encore peu développés
dans le champ de l'écologie industrielle et territoriale. Thème
4 Les nouvelles formes de développement
territorial L'idée ici est de s'intéresser
aux formes potentielles de développement territorial induites (ou rendues
possibles) par la mise en uvre de démarches d'écologie industrielle
et territoriale et de questionner leur potentiel de structuration / d'aménagement
du territoire, ainsi que leurs conditions d'intégration de critères
de durabilité. Selon les spécificités des territoires, l'écologie
industrielle et territoriale peut constituer une stratégie de mise en cohérence
de diverses approches environnementales (dans le cas d'aménagement de zone
d'activités par exemple), de " rééquilibrage "
entre les activités urbaines et industrielles / ou rurales, ou peut structurer
des filières économiques autour de ressources locales à valoriser
ou à construire (méthanisation, bioraffinerie, etc.). Thème
5 Les apports théoriques
de l'écologie scientifique Si l'écologie
industrielle et territoriale se fonde sur diverses analogies et métaphores
avec l'écologie scientifique, les travaux en écologie industrielle
et territoriale n'ont probablement pas encore tiré toutes les conséquences
de l'inscription du champ disciplinaire dans le monde du vivant. En revenant à
la source du terme d'écologie peut-on renouveler les questionnements autour
de l'analogie et/ou la métaphore entre la société humaine
et les écosystèmes naturels. En effet, Au-delà de l'idée
de cycle déjà reprise par l'écologie industrielle à
l'écologie, d'autres concepts issus de la thermodynamique et de la théorie
de l'évolution peuvent apporter des outils conceptuels pour repenser les
organisations humaines, les entreprises et les territoires (en termes d'adaptation
et de disparition d'espèces, ou encore de conception de réseaux
d'interactions anthropiques durables). Le regard de la communauté scientifique
travaillant sur l'ingénierie écologique pourrait être pertinent
sur ces questions. Thème 6
La compatibilité des démarches
d'écologie industrielle et territoriale
avec les enjeux du développement durable Une grande
partie des travaux en écologie industrielle réfléchissent
à l'optimisation d'un système d'activités humaines dans le
cadre des sociétés actuelles. Ces travaux, dans de nombreux cas,
font l'impasse sur une question qui serait à discuter dans cette session
: une stratégie d'optimisation dans un cadre inchangé est-elle suffisante
à favoriser un élan favorable à un développement durable
? Ne faut-il pas plutôt questionner les façons d'appréhender
l'écologie industrielle et territoriale dans le cadre d'une réflexion
plus globale en matière de changements de paradigme systémique et
de changements radicaux, tant au niveau des comportements individuels que collectifs
? Il est notamment fait référence ici à la question de la
consommation durable et à la nécessaire prise en compte du couple
offre-demande là où la vision anglo-saxonne de l'écologie
industrielle incite, de façon erronée, une focalisation sur l'offre
(la production). |  |